Dianalba

Retour sur un concept au sortir de Locktober

La gynarchie redéfinit l’équilibre du pouvoir entre la Femme et les hommes : le sceptre est tenu en main par la gent féminine. Si, dans un régime gynocratique, les dynamiques du pouvoir politique, éthique, philosophique sont redessinées, dans la sphère sociale et familiale c’est une autre histoire aux choix multiples : les voix du chœur n’inversent pas systématiquement celles du patriarcat mais proposent une harmonie nouvelle.

Au sein de ma sphère teintée de pulsions et tensions érotiques, on y loue la suprématie de la Dame et son corolaire : l’esclavage du mâle. Comment ne pas commencer cette série d’articles en évoquant la punition suprême du mois dernier ?

Imposition d’une cage de chasteté durant le mois automnal, le mois le plus attendu et excitant de l’année : le Locktober

 

L’homme abandonne son sceptre miniature et usurpé et durant un mois de chasteté au contrôle absolu de sa Dame. Les barreaux de fer ou de silicone deviennent le symbole ultime de l’abdication consentie.

Locktober, c’est le moment de l’abandon de soi pour les sujets masculins émasculés, l’abandon complet de leur membre viril pour le nôtre, MesDames  – si tant est qu’il leur reste encore un peu de virilité derrière cette tête fripée, affamée et relevée qui cogne contre la cage.

Vit en solde, vite en renoncement, un peu comme le carême de l’érection, le ramadan de la pulsion primale, voire le kippour de l’éjac.

Laisse-moi te raconter le mien, celui dont je dévoile l’initiation dans mon roman Madame, Cap vers la Gynarchie.

Évidemment, Albin voit son engin ridicule derrière les barreaux, non-stop en octobre. Je lui impose la grille pour le mois complet et j’installe l’appli adaptée d’un agenda partagé, sur son smartphone : chaque jour, il le complètera et me prouvera son obéissance ultime par photo ou vidéo.

Photo de l’oiseau pris au piège, avec preuve à l’appui de la date du jour.

Oui, nous ne partageons pas encore notre quotidien et il me faut la certitude d’une obéissance absolue. Les locks plastiques numérotés sont peu esthétiques mais bien efficaces par mms : Je l’impose sur l’anneau de la cage de chasteté qui lock ma loque. Après, tout, il n’est qu’un numéro parmi tant d’autres et j’avoue regarder de plus en plus les autres.

MMS. Maîtrise du Membre Stérile.

Il coche sur l’agenda partagé sur nos deux téléphones – Merci les plateformes en ligne des défis orgasmiques !  – entre les cases à choix multiples « Vidange, Ruined, Locked ou Out ».

Jolies alternatives aux couleurs opposées mais deux d’entre elles seront exclues durant un mois : Ma loque reste locked sauf si une urgence sanitaire capricieuse s’impose à ma règle. Ainsi soit-il.

Certaines personnes font bien des cures de désintoxication durant des temps infinis, d’autres suivent un régime alimentaire drastique, moi je lui impose seulement une abstinence mensuelle et un challenge : je suis raisonnable, d’une bienveillance redoutable, non ?

Pendant tout le mois d’octobre, celui de mon anniversaire, il n’y a pas de plaisir craché  – si ce n’est le mien. Les moments d’excitation grimpent en ascension obstinée – compte sur ma redoutable efficacité  –  lui n’a pas droit à l’orgasme. La chasteté insoutenable de mon esclave le mène au manque et au délire en élan, sinon rien. Je l’aime, gorgé de sperme à vouloir sans cesse décharger.

Je me souviens d’un autre soumis, Herwan physiquement alpha, grand Loup Gris au corps athlétique, qui sous l’abstinence voyait sa verge épaissir, suinter, larme à l’œil. Je le vois encore se tordre sous le désir, basculer son bassin plein comme chatte feulant sur un toit brûlant, gémir de sons suraigus que je ne voudrais pas genrer. Lui n’a jamais été libéré.

Je souris là, en t’écrivant, devant cette tension du soumis qui attend libération ! Présent de vérité générale.

Avec Albin, je le laisse me lécher longuement quand j’ai envie d’un orgasme sourd et profond. Je le vois goutter derrière les barreaux. Je le libère quelques minutes pour me pénétrer quand je n’en puis plus et que mon ventre réclame cette gourmandise. Qu’une décharge autre s’impose ! Pas de hiérarchie de l’orgasme dans mon propos, n’aie crainte. Je connais parfaitement mon intimité et je sais exactement quelle intensité atteindre et comment. Dialogue du vagin au discours direct et assumé.

Eh ! Quoi, je n’ai nul besoin de punition ni de privation, moi, en octobre !

L’exciter à l’envi et stopper net quand il a le sexe tendu à l’extrême, j’adore. Cette frontière si fine entre douleur et jouissance, j’aime. Lui imposer son plug favori, celui qui vibre fort…

Ah, je me régale d‘avance. Perverse ! Je ris à pleine gorge et tu sais comme elle est généreuse.
Mon défi Orgasmus Locktober Challenge dure trente jours. Albin vit pour la première fois l’un de ses plus durs combats avec lui-même, parce que j’aggrave son désir.

Le premier octobre, je lui offre un collier de cuir noir, avec un cadenas inviolable. J’évoque le Neckvember… une invention de Diane qui n’est plus Chasseresse mais a le sens de l’innovation… Lui, arrive avec ensemble de lingerie très chic et totalement dans mes goûts : dentelle française, dorures fines – il connaît les préférences de sa Dame. L’offrande est bienvenue pour célébrer ce rite ! Son mois de chasteté et mon Moi de sensualité.

La saveur d’un nous, encore en symbiose.

La première semaine de nuits noires se déroule avec le goût d’une ferveur renouvelée : Albin me suit comme un fidèle compagnon, lors de soirées lectures – laisse accrochée au collier. Silencieux, dans un coin, aussi ratatiné que son sexe en cage est amoindri. Chaque jour, il diffuse sur le site fétichiste une photo de son sexe en cage et d’autres soumis likent avec envie.

Je lui impose des thématiques pour nourrir son imaginaire de photographe en herbe. Appauvri par la diète, il lui faut des propositions iconographiques s’il veut collectionner les pouces relevés, des adeptes de son profil.

« Ce soir, ce sera naturiste refroidi. »

Évidemment, je le sais dans la ville dans laquelle nous avons décidé de nous installer bientôt, au cœur bien bourgeois de l’univers dans lequel il navigue avec sa componction naturelle. Il a pu composer une photo, recroquevillé sur sa terrasse pour fuir le vis-à-vis des voisins formalistes, sous une pluie d’automne battante.

Je lui impose ses tâches habituelles de larbin nu, depuis le cabinet des toilettes, jusque dans mon placard à chaussures. Je lui répète les mots crus qui le font rugir. Je titillerai sans cesse et son besoin de jouir deviendra presque obsessionnel. Il ne pourra pas, sauf à minuit, le premier novembre, l’heure du crime et des sorcières !

A cet instant-là, je sais qu’une cage à pénis s’impose sous mon contrôle total et aura une saveur différente !

Dès la deuxième quinzaine, je sursollicite son trou vibrant : il porte son plug préféré qu’il expose à souhait sur ses clichés du jour, en déballant sans pudeur une excitation bien visible. Retour des fautes de frappe, des coquilles qui partent en fouille. Il me suit en déjeuner d’affaire et il prend un cliché de la cage plastique qui dépasse de la chemise blanche au prix exorbitant : contraste saisissant. Il m’accompagne lors d’un atelier lecture et il photographie une jupette de simili dont la fente révèle la bosse du petit cagibi en toc. Il capture la vérification dominicale – photographie de mes ongles vernis tirant sur le lock, premier geste accompli lors de nos retrouvailles. Chaque jour de Locktober a sa marque graphique sur le site.

J’ai l’impression que notre relation se centre sur sa privation, sa chasteté. Encore une fois, l’esclave est au cœur de toute l’attention.

Retour de la complainte de la Domina, qui commence à se lasser de recevoir multiples clichés d’un membre ridiculisé. Ce n’est pas un bouquet de roses rouges à mi-parcours qui saurait me distraire de la monotonie ambiante.

Troisième semaine, même lorsqu’il me sert de chauffeur, il déboutonne l’entrejambe pour laisser respirer son vermiceau… Obsession de la capture graphique que j’ai moi-même imposée. A revoir pour l’an prochain. Il se prend au jeu, le clown. Punition immédiate : je l’expose sur la baie agathoise avec inscription au-dessus de sa cage « Locktober on the bitch ? » : malheureusement, aucun client n’est prêt à essayer sa bouche. Seule la curiosité de la situation amène à l’échange amusé et sa morgue m’exaspère. La chasteté n’est pas prétexte à fierté !

Je le punis plus sévèrement à coups de fouet, le soir venu : jeûne et couchage sur un gros coussin de chien, au pied du lit. Je n’ai nulle envie d’utiliser sa bouche pour me satisfaire. Il m’agace, parfois.

Ses rêves aussi se concentrent sur sa pathétique tige plastifiée. Un rouleau de printemps omniprésent, ce n’est pas compatible avec l’automne !

Après presqu’un mois de chasteté, Albin m’envoie en légende de son cliché surexposé : « Mon cerveau, ma nouille de fiote et tous les orifices de mon corps ne sont plus que des organes gorgés de désirs algédoniques… » Tu as remarqué ? Albin s’améliore en expertise linguistique si ce n’est pas le cas dans d’autres domaines, mais ce n’est pas mon propos. Il est temps de le purger, en ruined, bien sûr.

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